1st meeting in the Hall

J’aurais bien gratifié Lou d’une grimace, après sa réflexion, mais je suis bien trop occupé à échanger un très long regard avec Anna. Les mains sur sa taille, pour la remettre sur pieds, avec élégance et grâce. J’ai l’habitude des figures acrobatiques avec certaines de mes danses, surtout les portés. Alors, de la force, j’en ai. Ma mère me disait toujours que, petit, j’étais un véritable singe : à grimper partout. Je crois que mon goût pour l’acrobatie vient de là. Bref, je me perds un peu dans la contemplation de la belle hispanique. Je m’assure qu’elle va bien et retire mes mains de sa taille : ce n’est pas très… comment dire… ‘classe’ : mes bonnes manières m’interdisent de toucher une inconnue comme ça, sans consentement. Je me racle un peu la gorge et fuyant le regard d’Anna en reprenant la marche. Elle s’excuse de sa maladresse et je lui assure que :

" Ce n'est rien… " Je me sens un peu gêné, je m’apprête à chercher Lou du regard quand Anna me questionne sur ma formation. " Oh, ça n’a pourtant… rien d’impressionnant. " dis-je, en haussant les épaules, mais je lui adresse un léger sourire. " Très tôt... Je devais avoir 5 ou 6 ans je pense. "

L’envie m’est venue lorsque j’ai vu un couple danser lors d’un gala où mon père nous avait emmené. Ils avaient dansé un tango magnifique et je m’étais dit que c’était ce que je voulais faire. Ça faisait bien rire mon père au début. Je pense qu’il regrette de m’avoir laissé continuer maintenant qu’il sait que je veux en faire mon travail. Il espérait plutôt que je reprenne son entreprise… Bref, c’est encore un sujet assez épineux, dans la famille.
Tout ça évidemment je me garde bien d’en parler à Anna : on ne se connait pas assez pour que je l’assomme avec des détails aussi insignifiants de ma vie. Sur le ton de la confidence, elle m’avoue que son frère l’a envoyée vers moi pour m’occuper le temps qu’il drague Lou, mais que c’est sympa de discuter avec moi. Je fronce les sourcils : eh bien il ne perd pas de temps. Maintenant je comprends mieux son attitude, à mon arrivée. Je coule un regard en arrière, un peu méfiant, juste le temps de voir Noah tenir la main de Lou qui semble toujours en train de papoter. Je soupire et lève les yeux au ciel : tout ce que j’espère, c’est que ce type ne fera pas de mal à Lou. Anna s’empresse de corriger ses propos, semblant s’enterrer toujours un peu plus et je lève un sourcil étonné avant de lui sourire : mince je ne comprendrais jamais pourquoi les gens craigne tant ma réaction.

"Ce n’est rien, j’avais compris, je t’assure… Je ne suis pas très bavard, et je suis assez réservé, c’est vrai. " Je hausse les épaules et ajoute, un sourire au coin des lèvres : " Je fais surtout ça par politesse, en fait."

Un petit silence s’installe alors que nous continuons de marcher. Aller, fais un effort, Ashton. Alimente cette conversation, un peu. Je me racle la gorge, les mains enfoncées dans mes poches :

" … Et toi, qu’est-ce que tu fais, ici ? "

Bel effort…

Wow. Bon, ce n'est pas la première fois qu'on flirte avec moi, loin de là, mais je dois bien avouer que c'est la première fois qu'on flirte avec moi aussi rapidement... Et surtout, que cette attirance soit réciproque. Il m'invite à prendre un café, et je n'ai pas le temps de répondre : Anna haussa le ton et semble envoyer Ashton balader, Ashton qui semble complètement stupéfait, sans rien trouver à dire. Je le questionne du regard tandis qu'Anna, visiblement furieuse, demande à son frère de continuer. Je l'entends également demander si le numéro de charme est fini. Je rougis légèrement, mais les sourcils froncés, j'interroge une nouvelle fois Ashton du regard : il n'a vraiment pas l'air d'avoir compris ce qu'il vient de se passer.

Anna refuse de dire ce qui ne va pas et demande de continuer la visite et ne tarde pas à nous larguer à simple mention de la bibliothèque. J'ai bien envie de tirer ça au clair avec Ashton mais Noah renouvelle sa demande pour un café. J'hésite, prise entre deux feux.

"Euh, je ... oui, avec plaisir, mais peut-être un peu plus tard... " Je lui souris, vraiment, je suis ravie de cette invitation, mais là, y'a un truc qui me travaille. "Euh, excuse-moi... " dis-je, en lui souriant, avant de faire un pas vers Ashton et de lui demander, en chuchotant fort - vive la discrétion - "Mais qu'est-ce qui s'est passé ? Qu'est-ce que tu lui as dit pour qu'elle soit furax comme ça ? "

Ashton perd patience, fronçant les sourcils et s'exclamant :

" Mais rien du tout ! Je n'y peux rien si elle comprend tout de travers ! " Il n'en dira pas plus, il n'aime pas faire de scène en public d'autant plus que le frère d'Anna est présent. Je connais Ashton, je sais que ce n'est pas quelqu'un de mal élevé ou d'impoli, au contraire, d'où ma surprise. J'échange un regard avec Noah : peut-être que je devrais écourter cette visite.

"On devrait peut-être vous laisser tous les deux..." je commence, en m'adressant à Noah, mais Ashton m'interrompt subitement, l'air visiblement contrarié :

" Non, reste avec eux, toi. De toute façon, je suis crevé et je connais déjà l'établissement. On se revoit dans la soirée..."

Ce n'est pas négociable, et je le comprends rien qu'en échangeant un long regard avec lui. Ashton est une personne très réservée et étonnamment solitaire. Un genre d'ours, en somme. Certains le décrivent parfois comme un handicapé social, et ça me fait de la peine. Je sais que c'est un garçon en or, mais les gens ont tendance à s'arrêter à leur première impression... Je capitule et acquiesce.

"Ok... A tout à l'heure... " dis-je, un peu triste. Puis quand il s'est suffisamment éloigné, je m'adresse à Noah : "Désolée pour ça... Je suis sûre que c'était un malentendu, Ashton n'est pas du genre à... Enfin, bref... J'espère que ça ira, pour Anna... Je discuterais avec elle, ce soir. " Je lui souris, un peu gênée, et reprends : "Concernant ce café, j'en serais ravie... Dis-moi juste quand. "

Je soupire légèrement en regardant Noah s'éloigner : ses épaules sont tellement... Il m'accorde un dernier regard, par-dessus son épaule et je sens mes joues rougir une nouvelle fois. Un petit silence s'est installée tandis que je soupire une nouvelle fois, sur mon petit nuage :

"Wow, ton frère est tellement... " Lou, un peu de tenue quand même, c'est sa sœur ! Je redescends rapidement sur terre et m'excuse auprès d'elle : "Oh, désolée c'était pas très... Enfin si ça te dérange, je peux... " Tu peux quoi ? Tu t'emballes un peu trop ma grande, il t'a proposé un café, pas de fuir à Las Vegas pour vous marier... Bref, je me racle la gorge et nous commençons à marcher.
J'hésite à lui demander ce qu'il s'est passé tout à l'heure, avec Ashton, je n'ai pas envie de la revoir en mode furie et je n'ai pas envie de l'embêter... Non, j'attendrai ce soir, pour en discuter avec Ashton...

"Dis Anna... Il s'est passé quoi, avec Ashton, tout à l'heure ? "

Faut m'excuser, je suis trop faible... Et trop curieuse également...

"Je connais Ashton depuis quelques temps maintenant et je sais que parfois, il peut paraître très froid mais... Enfin ce que je veux dire que ça ne lui ressemble pas d'être impoli ou irrespectueux... Je veux pas dire que ça vient forcément de toi, hein ! "

Je ne m'exprime pas franchement bien pour le coup, et j'espère qu'elle comprendra où je voulais en venir. Nous arrivons dans le coin café de tout à l'heure, où Noah m'a sauvé la vie - sisi - et j'esquisse un sourire à ce souvenir. Je me concentre de nouveau sur Anna et reprends :

"En tout cas, je suis certaine qu'il n'a pas voulu t'offenser... C'est son côté samurai mystérieux et overdosé de bonnes manières... " lui dis-je avec un clin d'oeil complice, pour faire naître un sourire à ses lèvres.

Je consulte l'horloge de mon téléphone :

"Je dois passer en ville, récupérer mes fournitures dans une boutique d'art. Est-ce que ça te dit de m'accompagner ? "

Alors que je me dis que je passerai bien par cette passerelle du premier étage, à côté du coin café, parce que je me demande vraiment où elle peut déboucher, je reconnais Ashton, un peu plus loin, installé sur un banc, les écouteurs sur les oreilles, à relire ce qui semble être un cours. Je me mords la lèvre inférieure avec beaucoup de malice : est-ce que j'ose ou pas ?

Et pourquoi pas...

Je profite du fait qu'Anna soit retenue par un élève prônant son association pour avancer rapidement jusqu'à Ashton. Je retire son chapeau d'un mouvement vif et il proteste, les sourcils froncés :

" Eh ! Mais qu'est-ce qui te prend ? " Tandis que je tire également sur les fils de ses écouteurs. J'indique d'un mouvement de tête Anna qui tente désespérément de décliner poliment une adhésion à cette association. " Et puis quoi, elle peut se débrouiller toute seule... " dit-il en remettant ses écouteurs, mais je l'interrompt en mettant une tape sur ses mains. Je le supplie du regard en chuchotant fort :

"Allez, soit sympaaaaa !! C'est ma colocataire et elle est vraiment chouette et son frère me plaît vraiment beaucoup beaucoup... Titeupiééééé..." Il soupire.

" Lou, tu les connais depuis deux heures..."

"Oui, et j'ai bien envie de me sociabiliser, tu devrais essayer, ça te ferait pas de mal des fois et... Oh ! Bah ça alors !" dis-je plus fort, alors qu'Anna nous rejoint. "Ça tombe bien, Anna, Ashton voulait s'excuser ! Bon, je vous laisse tous les deux, moi, j'dois filer en ville, Bye bye !"

J'entends bien Ashton tenter de contester mais je suis déjà partie, en les laissant en plan, un large sourire sur les lèvres...
Si tu fais tout rater une nouvelle fois, je t'étrangle Ashton...

C’est pour le moins contrarié que je quitte Lou, la laissant avec le bellâtre qui la bouffe du regard. Je n’ai absolument pas compris la réaction d’Anna, tout à l’heure. Je n’ai pourtant rien dit de mal. Cette fille a un sérieux problème de susceptibilité. Je ne suis pas du genre à m’énerver facilement, je suis plutôt du genre à éviter les conflits, mais j’ai l’impression que cette fille, c’est tout le contraire. Je soupire, les sourcils froncés : ça ne devrait pas me mettre dans cet état, ce n’est qu’un malentendu, mais j’en ai marre de toujours passer pour un connard… Surtout que là, j’ai vraiment cherché à faire des efforts…
Nouveau soupire.
Je passe par mon dortoir et récupère mon sac ainsi que mon chapeau. J’ai des cours à bosser. J’enfile mon chapeau, place mes écouteurs sur les oreilles et décide de me rendre à la passerelle, pour m’installer sur un banc : j’y serai beaucoup mieux pour travailler, sans compter qu’il fait bon. Et puis ce sera sans doute beaucoup plus simple pour Lou de me retrouver à la passerelle, tout à l’heure.
Le temps passe, et le coup dans mon chapeau me sort de révisions : Lou. Elle retire également mes écouteurs. Mais elle a décidé d’être chiante ma parole ! Et maintenant elle veut que je m’excuse ? En tout cas, elle veut que je me réconcilie avec sa colocataire. Et à vrai dire, elle ne me laisse pas vraiment le choix et s’en va sans demander son reste, me laissant seul avec Anna, qui semble aussi surprise par l’initiative de Lou…
Bien… Bien, bien bien… Qu’est-ce que je vais bien pouvoir lui dire tout en étant sûr qu’elle ne le comprendra pas de travers ?

" Alors, tu voulais t'excuser ? "

Pas vraiment en fait… Je ne vois pas pourquoi je devrais m’excuser alors que… Hm… Bon, Ashton, fais un effort. Après tout, tu es aussi coupable, un tout petit peu, puisque tu n’es pas fichu de…

" Bon écoute, c'était pas sympa de ta part de me dire aussi ....clairement que tu ne me parlais que parce que tu y étais obligé. Mais je ne te connais pas et je peux comprendre que l'on puisse être timide et maladroit donc, je te prie de m'excuser pour avoir été un peu....impulsive. "

Mais…. De quoi est-ce qu’elle parle ? Je ne lui ai jamais dit ça. Je l’observe, l’air visiblement étonné, et je saisis soudain. C’est effectivement un très gros malentendu. J’esquisse un léger sourire, mais j’évite une nouvelle fois son regard, alors que je lui réponds : " Ce n’est pas… Je ne parlais pas de toi, en fait… Je suis silencieux par respect et politesse. " Je lui coule un regard avant de rajouter : " On m’a élevé comme ça… Bref, je suis désolé que tu l’ai pris comme ça, parce que clairement, je n’oserais jamais me montrer aussi… malpoli. "

Si moi je ne parle pas beaucoup, Anna, ça a l’air d’être tout l’inverse. Et elle me fait tout de suite part du fait qu’elle a du mal à comprendre mon comportement. Elle a l’air de penser que je me suis senti mis à l’écart, tout à l’heure, ou bien mal à l’aise à cause du comportement de Noah. Noah qui a eu le coup de foudre pour Lou : ah tiens, je comprends mieux son comportement, à mon arrivée. Je laisse Anna parler, je la regarde en silence, amusé : c’est marrant, elle a l’air de parler aussi vite qu’elle pense, et de dire tout haut ce qu’elle pense.
Anna prend une inspiration et se revient à notre premier sujet de discussion. Elle semble ne pas saisir comment quelqu’un comme moi, d’aussi réservé, arrive pourtant à danser, à exprimer ses émotions devant un public. C’est vrai que ça peut paraître étrange mais au final, c’est plutôt logique : j’ai été élevé avec une culture de la convenance, où les apparences sont importantes, et surtout la dignité et le respect. Alors l’expression de mes sentiments, comme l’a si bien dit Anna, c’est uniquement sur une piste de danse. C’est ma façon de m’exprimer...

" Tu te poses la mauvaise question." lui dis-je, en lui accordant un sourire chafouin mais amusé. Je lui coule un regard : je suis vraiment un sujet d’étude si intrigant ? " Pourquoi les deux seraient forcément incompatibles ? "

"Mais dis-moi là-dedans, tu es réellement sur la réserve par politesse ou c'est vraiment juste une question d'éducation? " dit-elle, en enfonçant son doigt sur ma poitrine, au niveau du cœur.

Son geste me surprend : j’ai eu beaucoup de mal à m’adapter à la proximité des américains, à mon arrivée ici. Au Japon, on n’est pas vraiment tactiles, et il n’y a pas de contact physique entre deux personnes tant qu’elles ne sont pas dans un certain cercle social. Evidemment, quand Lou est arrivée dans ma vie, elle a complètement pulvérisé les cercles sociaux, ce petit pot de colle… Lou est très tactile. C’est un peu perturbant au début, mais je commence à m’y faire. Mes yeux passent de l’index pointé sur mon cœur aux deux iris bruns d’Anna. Je lui adresse un nouveau sourire en coin. Elle a l’air différente des filles qui s’intéressent à moi, habituellement. Elle ne s’intéresse pas à la même chose, à vrai dire. Je laisse son doigt dardé sur mon cœur, comme un pieu cherchant à briser ma carapace.

" Est-ce que c’est un interrogatoire ou plutôt une séance de thérapie ?" Un sourire chafouin, de nouveau puis je me lève, passant mon sac sur une épaule, et je l’invite à me suivre : " Si tu dois me psychanalyser, autant que ce soit autour d’un verre… Si tu le veux bien, bien entendu. "

Elle me fait sourire. Elle me rappelle un peu Lou : le côté bavard et surexcité, et un peu fouineur. Elle marche à côté de moi, et nous sortons de la fac. Je sais où je pourrais l’emmener. Il y a ce genre de café librairie, dans la vieille ville. J’aime bien y aller, de temps en temps : c’est un lieu plutôt calme où l’on peut prendre une consommation et lire au calme. Parfait pour les révisions. Je pense que ça lui plaira, vu sa réaction à la mention de la bibliothèque tout à l’heure… Bon, après elle était furieuse contre moi, alors c’était peut-être simplement qu’elle était ravie de s’échapper.
Je suis un peu perdu dans mes pensées quand sa voix me fait redescendre sur terre.

" Tu viens d'où au fait ? Tu es de Chicago ?" dit-elle, comme pour briser le silence. Je sais que le silence a quelque chose d’embarrassant pour la plupart des gens, quand moi il ne me dérange pas tant que ça. Mais, ça ne veut pas dire que je ne sais pas apprécier une conversation.

" C’est un peu compliqué, mais… Mon père est japonais, ma mère est américaine. J’ai vécu une bonne partie de mon enfance au Japon, sans frère ni sœur. Je devais avoir 16 ans quand on est venu s’installer à Chicago." Je hausse légèrement les épaules : je ne sais pas trop quoi rajouter de plus. " Mes parents sont repartis au Japon, et moi je suis resté. Ma seule famille, ici, c’est Luella. "

Nous prenons une petite ruelle pavée, sur la gauche.

" … Et toi ?" Je relance la conversation, mais je crois que mon intervention n’était pas nécessaire car Anna continue d’elle-même. Je ne suis presque pas surpris d’apprendre qu’elle est à moitié brésilienne : elle et son frère ont le sang chaud, et sont de nature impulsive j’imagine. Je ne sais pas s’il était possible qu’elle et moi, on ait deux cultures aussi diamétralement opposées… Ça me fait sourire une nouvelle fois. Je crois comprendre que ses parents sont séparés, en tout cas c’est ce qu’elle laisse entendre. Je n’ose pas lui demander, je n’ai pas envie de la mettre mal à l’aise, alors je me contente de répondre à sa question.

" Seulement de nom." Pour être honnête, je sais juste comment ça s’écrit, et globalement où ça se trouve sur une carte. Mais de là à dire à quoi ça ressemble…

" Mais parle-moi plutôt de toi. Tu es japonais, okay. Je ne sais absolument rien sur le Japon. Que dalle, nada. "

Elle est beaucoup plus directe que moi.

" Enfin si. Je sais qu'apparemment on élève les jeunes garçons pour qu'ils deviennent de petites ombres extra ultras polies qui ont un talent particulier pour vexer les jeunes brésiliennes... "

J’esquisse un sourire amusé et elle me tire la langue d’un air taquin. Je m’arrête à son niveau, et plongeant mon regard dans le sien, en me penchant légèrement vers elle pour chuchoter ma réponse sur le ton de la confidence, je lui souffle :

" … C’est parce que je suis un ninja. " Je lui souris et lui adresse un clin d’œil : ce n’est pas parce que je suis discret que je suis dénué d’humour… Je me redresse et lui indique le café, en face de nous.

" Après toi… "

Le café librairie est plutôt cosy, avec une ambiance très british. Les rayons de la bibliothèque montent sur deux étages. C’est plutôt impressionnant et très reposant.
Je salue poliment le personnel qui nous invite à choisir une table.